Publié par Thierry Souccar dans Le blog de Thierry Souccar, « Amuse-gueules »  Réflexions sur la vie, la mort, et tout ce qu’il y a au milieu.

Affamer les cellules cancéreuses ou corriger leurs défauts, c’est le but du traitement métabolique. Mais les études tardent à venir, par manque de moyens et de volonté politique.

L’approche métabolique du cancer, qui fait appel à un simple régime alimentaire et/ou une association de compléments alimentaires et de médicaments peu toxiques, mobilise un nombre croissant de chercheurs et de médecins en Europe comme aux Etats-Unis. Après de nombreux travaux chez l’animal, le moment est venu de mener des études chez l’homme. Mais, hormis en Allemagne, les financements manquent car les pouvoirs publics et les laboratoires s’en désintéressent.

Le cancer peut en effet être vu comme une maladie métabolique, à la suite des travaux du Prix Nobel Otto Warburg – ce qu’on appelle l’effet Warburg.

Warburg a constaté que pour se procurer de l’énergie, nécessaire à leur prolifération, de nombreuses cellules cancéreuses n’utilisent pas le métabolisme aérobie comme les cellules saines. Le métabolisme aérobie, c’est la combustion du glucose dans la mitochondrie en présence d’oxygène pour produire de l’ATP.

Au contraire, les cellules cancéreuses, parce que leur mitochondrie est probablement altérée, utilisent une autre voie métabolique – la glycolyse, qui catabolise le glucose sans oxydation. La glycolyse produit au final peu d’énergie : 2 ATP par molécule de glucose, alors qu’avec la respiration cellulaire, 1 glucose fournit 32 molécules d’ATP. Pour cette raison, la plupart des cellules cancéreuses sont dévoreuses de glucose. Ce constat inspire deux grandes stratégies thérapeutiques pour aider les patients à lutter contre le cancer (de pair avec les traitements classiques) : réduire le glucose disponible, et/ou relancer la respiration mitochondriale des cellules pour ralentir leur croissance.

Aux États-Unis, le Dr Richard Feinman veut réunir des fonds pour expérimenter dans un essai clinique les effets d’un régime alimentaire cétogène (pauvre en glucides, riche en graisses). Il avait mené une étude pilote de 28 jours, sur 10 volontaires, en 2012. Les patients ayant obtenu avec ce régime le niveau le plus élevé de cétose avaient connu une stabilité voire une rémission de leurs cancers, alors que les tumeurs avaient progressé chez ceux dont la cétose était moins importante. Mais une demande de financement public pour conduire un essai sur 65 volontaires a été rejetée par les autorités sanitaires américaines. Le Dr Feinman en appelle au grand public.

En France, le Dr Laurent Schwartz, auteur de « Cancer, un traitement simple et non toxique«  et le Pr Luc Montagnier (Prix Nobel de médecine) veulent conduire un essai clinique qui testerait deux substances naturelles, l’acide alpha-lipoïque et l’hydroxycitrate, de pair avec des médicaments qui réduisent la glycémie comme la metformine. Mais les chances de financement public sont faibles, et un site a été créé pour renseigner les malades, les rapprocher. Ultérieurement, une association devrait pouvoir réunir les fonds de donateurs. Aidons-les.