Publié par franceinfo:

Santé publique France et le Centre international de recherche sur le cancer estiment que le tabac, l’alcool, une mauvaise alimentation et l’obésité sont les facteurs principaux de cancers dans l’Hexagone, et qu’ils pourraient donc être évités.

Tabac, alcool, mauvaise alimentation et obésité : ce sont les quatre facteurs principaux en France de 40% des cancers. Ils seraient donc « évitables », estiment Santé publique France et le Centre international de recherche sur le cancer (Circ), qui dépend de l’Organisation mondiale de la santé. Chacun de ces risques tue beaucoup plus qu’il ne devrait, soulignent ces deux organismes dans des études publiées lundi 25 juin.

Ainsi, sur les 346 000 cas de cancer diagnostiqués en 2015 chez les 30 ans et plus, « 142 000 (41%) auraient pu être évités si l’ensemble de la population n’avait pas été exposée aux facteurs de risque étudiés, ou si son exposition avait été limitée », écrit le Circ. « Pour agir efficacement, il faut mettre l’accent sur la prévention, et c’est à cela que les résultats de cette étude doivent servir, pour élaborer des campagnes ciblées de prévention et de sensibilisation du grand public », explique à 20 Minutes Isabelle Soerjomataram, membre du Circ et coauteure de cette étude, qui liste, au total, 13 facteurs de risque.

Une prévention de l’alcoolisme insuffisante

En 2015, plus de 54 000 cas de cancer chez les hommes et plus de 14 000 chez les femmes étaient attribuables au tabagisme (soit respectivement 28,5% et 9,3% de tous les nouveaux cas de cancer). Ces cancers (poumon, bouche, larynx, œsophage…) touchent surtout les classes populaires, avec un risque « de 1,5 à 2 fois plus élevé chez les 20% les plus défavorisés, par rapport aux 20% les plus favorisés », souligne le Circ. Si les hommes fument de moins en moins depuis les années 1950, Santé publique France rappelle « l’entrée en masse des femmes dans le tabagisme » parmi la génération du « baby-boom » (née entre 1945 et 1965). En nombre de cancers, cet attrait de la cigarette chez les femmes « aura des conséquences néfastes qui vont augmenter » jusqu’aux alentours de 2045.

Les auteurs de cette étude estiment par ailleurs que la France peut beaucoup mieux faire dans la prévention de l’alcoolisme, responsable de 8% des nouveaux cas de cancer (28 000 cas en 2015). Santé publique France juge que « les actions de prévention ne sont à ce jour pas aussi développées que celles qui visent la réduction du tabagisme ». Elle souligne la prépondérance du vin dans la consommation d’alcool du pays (59% du volume), loin devant les alcools forts (21%) et la bière (19%).

Le surpoids responsable de 18 600 cas en 2015

L’alimentation déséquilibrée et le surpoids (incluant l’obésité) sont chacun responsables de 5,4% des nouveaux cas de cancer (respectivement 18 800 et 18 600 en 2015). Côté « malbouffe », le Circ pointe le risque d’une « faible consommation de fruits, de légumes, de fibres alimentaires et de produits laitiers, ainsi qu’une consommation élevée de viandes rouges et de viandes transformées ». Ce phénomène touche davantage les hommes. Côté surpoids et obésité, c’est l’inverse : les femmes sont plus concernées, ce facteur de risque étant important dans les cancers du sein et de l’endomètre.

Les autres facteurs de risque « évitables » sont moins fréquents. On y trouve les « agents infectieux » (4% des nouveaux cas) tels que le papillomavirus humain ou la bactérie Helicobacter pylori (responsable de cancers gastriques), et les « expositions professionnelles » (3,6%), à l’amiante ou aux pesticides par exemple. Viennent ensuite d’autres facteurs : rayonnement UV (3% des nouveaux cas de cancer), radon dans l’air intérieur, pollution atmosphérique, substances chimiques dans l’environnement, etc.